La dépendance : une réalité nuancée ... 

De nos jours, l'idée d'indépendance est hautement valorisée dans notre société : nous sommes incités à concrétiser nos projets par nos propres moyens, en cultivant une force et une autonomie personnelles. Sur les réseaux sociaux, cette perception est renforcée : on retrouve l’idée que l’autre serait nuisible et créer de la souffrance si l’attachement est de « trop ». 

L'indépendance relationnelle totale est un mythe, sauf si vous choisissez de vivre seul sur une île déserte. Nous vivons entourés de gens et avons besoin des autres pour survivre, que ce soit pour manger, se loger ou travailler. Comme le dit Versaevel, C. (2012) dans un article, « chaque personne est plus ou moins dépendante sans que cela soit pathologique. » Il ajoute aussi la notion d’évolution, notre besoin des autres évolue au cours de notre vie en fonction de nos expériences et du degré de souffrance que nous ressentons.

 

Quand est-il de l'amour ? 

Ces dernières années, le terme "dépendance affective" est devenu très courant dans le cadre de relations amoureuses. Les personnes se disent dépendantes de leur partenaire dès lors qu’ils ressentent de l’attachement. Or, des études montrent que l'amour et les personnes addictes à certaines substances ont beaucoup en commun (Fisher, H. E., Xu, X., Aron, A., & Brown, L. L., 2016). Les amoureux ressentent une euphorie intense en présence de l'autre, un désir incontrôlable (craving) pour l'autre, et une tendance à vouloir être toujours plus proches, comme les les personnes addictes. Des recherches en neuro-imagerie révèlent que tomber amoureux active les mêmes régions cérébrales que celles stimulées par les drogues, ce qui explique ces comportements similaires.

L’amour est un état émotionnel complexe qui combine des sentiments d'affection profonde, d'attachement et de passion intense pour une autre personne. Il est donc normal de ressentir une forte envie de passer du temps avec son partenaire, d'éprouver des émotions intenses en sa présence, ou simplement en pensant à lui. L’attachement fait également partie de la relation. Si vous vous sentez attaché à votre partenaire, ce n’est pas anormal ! Félicitations, vous êtes humain.

 

Les comportements destructeurs et leurs racines

Pour d’autres personnes, l’envie se transforme en besoin excessif et compulsif d'être avec un partenaire, souvent au détriment de leur propre bien-être. Avec une peur intense de l’abandon (souvent liée à des évènements traumatiques passés), des comportements de recherche constante d'approbation, et une difficulté à fonctionner de manière autonome. Minimisant leurs propres besoins et acceptant des relations dysfonctionnelles par crainte de perdre l'autre, ce qui peut entraîner une détresse émotionnelle significative.

Versaevel (2012) décrit les comportements comme étant liés à un manque d’amour (de soi) et de confiance en soi. Par exemple, des pensées telles que « Je ne mérite pas d’être aimé » ou « Je ne suis pas à la hauteur » peuvent émerger. Ainsi, pour pallier ce sentiment d’insécurité, certaines personnes s'accrochent à la relation tandis que d'autres l'évitent. Ce schéma se répète souvent, engendrant une grande souffrance chez la personne dès lors qu’elle est confrontée à une relation. Ce sentiment peut également se manifester dans d’autres types de liens interpersonnels.

 

S'aider soi-même, 4 idées de pistes 

1. Auto-observation de soi

Identifiez les moments où vous ressentez une forte anxiété à l'idée de perdre quelqu'un ou de ne pas être aimé. 

Vous pouvez ensuite orienter votre attention sur vos pensées, n'hésitez pas à les noter. Qu'est-ce que je suis en train de me dire dans cette situation ?

2. Ne vous blâmer pas

Vous remarquerez qu'en observant vos pensées, elles sont souvent très jugeantes : "Tu es nul(le) de penser comme cela", "Tu es moche", "Tu n'es pas attirante", "Personne ne t'aimera", "Je me déteste".

C'est vraiment ce que vous auriez dit à votre ami(e) si iel vivait la même chose ?

Si vous vous retrouvez dans cette situation actuelle avec ces sentiments, ce n'est pas par hasard. Votre parcours de vie a forgé cette émotion que vous ressentez. Si vous aviez le choix, je suis sûr que vous préféreriez ne pas ressentir cela. Cependant, maîtriser cette capacité nécessite de la pratique et de la bienveillance envers vous-même. Utilisez cette question comme un repère lorsque vous observez vos pensées critiques.

3. Changer son discours intérieur

Imaginez un bonhomme (imaginez-le comme vous le souhaitez), un personnage, une personne qui est bienveillante envers vous. Laissez libre cours à votre imagination. Qu'est-ce qu'il peut répondre à l'ensemble des pensées jugeantes que vous avez envers vous-même ? Comment votre bonhomme peut-il vous rassurer ? 

Par exemple : "Il est normal de se sentir anxieux dans cette situation. Tu fais de ton mieux et c'est déjà beaucoup. Il est important de prendre soin de toi et de tes besoins. Tu devrais en parler à ton amie, à ton partenaire."

4. Chercher du soutien professionnel 

La thérapie dans le cadre de la souffrance relationnelle aide à comprendre pourquoi on a tant besoin de l'autre et pourquoi on a peur de se retrouver seul. Souvent, ces sentiments découlent de blessures anciennes ou de traumatismes passés. Les thérapies cognitives comportementales et émotionnelles permettent ce travail et cet apprentissage d’une meilleure estime de soi, ainsi qu'une aide à poser des limites saines pour soi à travers l’analyse de ses propres besoins émotionnels.

La thérapie offre un espace sûr pour explorer ses émotions et construire des relations basées sur l'amour et le respect mutuel, et non sur la souffrance relationnelle. Avec le temps et le soutien, il est possible de se libérer de cette souffrance et de vivre des relations plus harmonieuses et satisfaisantes.

Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions

Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.